Sarah Barthe
À PROPOS
Les dessins et collages de Sarah Barthe mettent en lumière les relations ambigües, obscures, parfois malveillantes, qui peuvent se créer durant l'enfance, et aux conséquences que cela peut avoir dans la construction de l'identité.
Empruntant à la psychanalyse et aux contes de fées, ses histoires pour enfants deviennent des histoires pour adultes, et derrière des images apparemment innocentes se cachent des désirs enfouis et inavouables.
Chacun prend alors le risque de se projeter dans un face à face troublant, parfois insupportable, avec sa propre histoire, ses peurs ou ses fantasmes.
©Arnaud Baumann
TEXTES, PRESSE & CRITIQUES
Le travail de Sarah Barthe est principalement dominé par la pratique picturale, et particulièrement celle du dessin, qu'elle relie à un des premiers moyens d’expression des origines, et de l’enfance.
C'est à cet endroit que l'artiste se glisse pour gratter la rétine daes regardeur·euses. Dans ces interstices ambiguës, Sarah Barthe déploie un vocabulaire varié allant de la gravure au collage en passant par le dessin original où le propos se débride autant qu'il ne se cache interrogeant pulsions, recherche et troubles de l'identité, violences sexuelles et sexistes, révolte et rage d'envies.
Margot Mourrier Sanyas, 2024
J'avais découvert son travail dans une librairie galerie dans le Marais il y a super longtemps, j'avais acheté son livre, si violent, si direct, ça m'avait scotché. C'est à dire qu'elle ne parle pas de l'enfance ou des enfants ; lorsqu'elle travaille, elle est à la place de l'enfant, qui est la pire place au monde, dans le monde lorsqu'ils sont les objets d'adultes amoraux, anormaux. C'est un tabou dans toutes les sociétés, une impunité, impossible même à exposer.
Laurent Quénéhen, 2024
Vidéo de soutien pour SPARK
le nouveau média des cultures hors normes (5 novembre 2023)
CELLE QUI A RENONCE AU PARDON ET A LA VENGEANCE : entretien avec Sarah Barthe ici
Il fut un temps où Ariel la Petite Sirène tint le rôle qu’a pris aujourd’hui Elsa la Reine des Neiges. Mais la première était plus insidieusement érotique et c’est ce qui entraîna Sarah Barthe sur ses chemins de traverse. Elle est devenue Blanche Neige qui a lu non seulement Alice au Pays des Merveilles mais l’oeuvre complète de Kathy Acker.
D’où le mélange dans son travail de violence et de douceur. Le Grand Méchant Loup doit se tenir sur ses gardes car l’artiste en bûcheronne lui prépare un coup de derrière les fagots avant -qui sait ? - d’attendre le Prince Charmant. Mais pour l’heure elle fait une pause.
Non sans poursuivre un parcours original et fascinant en jouant sur les attentes des voyeurs, là où l’action de créer reste la sœur du rêve d’enfance.
Jean-Paul Gavard Perret, blog lelitteraire.com, 2022
JUNKPAGE #56
"Divines idylles", article d'Anne Clarck (mai 2018)
SUD OUEST, "Pudique pornographique", article de Lysiane Larbani (26 mai 2018)
Sarah Barthe cultive le malaise. Dans ses dessins, les personnages féeriques se métamorphosent en créatures déchues, troublantes et ambiguës. Loin de toute forme de candeur, son monde est envahi par des princesses tachées, aux corps détériorés ; un univers qui va bien au-delà des classiques terreurs enfantines. Car, une fois passé entre les mains expertes de l’artiste, le conte de fées devient cauchemar poisseux et sexuel. (...)
Blanche Neige s’es maquillé pour allé rendre visite à ses amis les nains, cette phrase est écrite d’une main tremblotante sur un coloriage représentant l’héroïne de Walt Disney. Son visage a été colorié à la manière d’un enfant. Un gribouillage qui insiste sur la bouche et les yeux, transformant ce symbole d’innocence en une princesse borderline, maquillée à outrance, dont le rouge à lèvres déborde et le fard à paupières coule, épais. Cette série, intitulée Princesses, détourne les modèles véhiculés par les contes de fées et l’imagerie disneyenne. Pendant longtemps, avant l’arrivée des princesses rebelles de la fin des années 1990, la Belle au bois dormant, Blanche Neige, Cendrillon ont été des modèles de perfection pour les petites filles. Des princesse délicates, belles, douces, dévouées, pures que l’artiste transforme en femmes abîmées, souillées, outrageusement maquillées, ressemblant à des caricatures de prostituées. Sarah Barthe n’aime pas les représentations lisses et rassurantes. (...)
Un constat que l’on peut faire face à ses dessins inspirés par l’imagerie des vieux livres pour enfants. On y voit des petites filles qui donnent à manger aux poules, un garçon sur un cheval à bascule, un autre en train de faire le poirier. Une vision du monde sage et idyllique que Sarah Barthe s’applique à détourner en y ajoutant taches et coulures et en détériorant les visages poupins à coups de crayons ou de fusain. L’image qui en résulte prend alors une tonalité sourde et menaçante. « Gribouiller, déborder, c’est renouer avec les sensations de l’enfance, retrouver la liberté du mouvement avant que l’école ne nous oblige à faire des dessins modélisés et normés, les fameux bonshommes et les petites fleurs. »
Papi m’a di que si je ne di rien il me donera un bonbon il a di
J’ai encore fait pipi au lit papa a encore fait pipi sur moi
La petite fille a son papa noël
Maman est ocuppé
Quan je serai grande je voudrais être morte
Ces messages écrits au feutre d’un trait malhabile accompagnent les dessins de Sarah Barthe. Fillettes et adultes apparaissent sous la forme de bonshommes grossièrement esquissés, gribouillés. Là, l’association du texte et de l’image ne laisse plus de place à l’équivoque : elle renvoie à des actes de pédophilie et d’inceste. Rester ambiguë tout en étant extrêmement sincère dans sa démarche lui permet de toucher à l’universel. Ce sont avant tout des questions de société, bien plus présentes qu’on ne veut le croire. Mais, en utilisant le dessin d’enfant, elle met tout le monde mal à l’aise. D’autant plus qu’elle conçoit ces images comme des pièges : vu de loin, cela paraît mignonnet, attirant, mais, dès qu’on s’en approche, on se trouve face à l’insupportable. (...)
L’artiste utilise ce même principe de lecture en deux temps avec ses papiers peints, collages à première vue esthétiques et bucoliques aux tons pastel et délicats mais qui représentent des scènes pornographiques en gros plans : une double pénétration intitulée Bonne Nuit petite Nelly, un anus dilaté et des doigts pénétrant un vagin titré Cathy. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne sort pas indemne de l’univers de Sarah Barthe, qui nous replonge dans l’enfance pour mieux explorer la part obscure de l’âme humaine.
Céline du Chéné
in L’Encyclopédie Pratique des Mauvais Genres, Nada Editions, 2016
LIBERATION, Blog les 400 culs (13 novembre 2017) « Quand parler de viol c’est faire mauvais genre », article d’Agnès Giard ici
FLUIDE GLACIAL #491 (avril 2017)
« Chouchous, mamours & pistons » par Pascal Fioretto
FRANCE CULTURE, (14 juin 2014) dans l’Encyclopédie pratique des Mauvais genres, par Céline Du Chéné (lien ici, à partir de 2'52)
Sarah Barthe, par détournement de codes, tente d’explorer les aspects répressifs de certaines structures sociales qui modèlent notre développement psychologique. Elle interroge notamment l’enfance pour rendre compte de la complexité de ses états psychiques.
Revue MULTIPRISE #16 (mars 2010) « Fantasmagories, l’illusion et son double », article de Didier Skorupa
"RETOUCHES", texte de Nathaniel Raymond, 2009
Sarah Barthe cultive la concupiscence dans ses œuvres : mais qu’est-ce...exactement ?
La concupiscence est un terme qui désigne, dans la théologie chrétienne, le penchant à jouir des biens terrestres soit, de manière plus générale, le désir des plaisirs sensuels, assimilant la concupiscence au « foyer du péché ».
Bien, donc il ne s’agit pas de reproduire avec technicité et habileté les paramètres de la réalité, guidés par la logique et la raison, mais plutôt d’en découdre avec la morale, de raturer des Blanche-Neige, de se replonger dans l’enfance tout en gardant son regard d’adulte perverti, de mettre un petit zeste de pulsion animale par-ci, une infusion de douleur et de candeur dans le même trait, de déconstruire, de révéler, de provoquer…
C’est avec une joie mêlée de gêne que l’on se délecte alors de la transgression, projetée il semblerait par une main toute innocente et maladroite...à peine consciente. La cruauté apparaît mieux ainsi, les contes de fées révèlent leur côté sombre, les conventions se tordent pour démontrer leur superficialité, et les structures sociales et le conditionnement qu’elles imposent, explosent !
Revue HAPPEN (mars 2009)
SUD OUEST (26/03/2009)
Les croquis sont saignants car la couleur rouge est dominante, elle suinte sur les murs et au travers de l’écriture de Sarah Barthe, elle coule comme un saignement de jeune fille. Son art est élevé, haut en forme, gestuel et décidé, affirmé. Est-elle un génie ? La jeune femme est atypique, la violette dans ses cheveux. Elle est comme ses images, scintillante, révélatrice aussi dans ces mots écrits par elle, orduriers et bien éphémères en même temps. Elle s’analyse au fur et à mesure qu’elle dessine. Sa signature est franche, nous sommes évidemment en présence d’une future et grande artiste, à suivre…
Stephan Urtizverea, 2009
L’art est traditionnellement associé au « Grand Art ». Art classique, il s’est souvent identifié au Beau ou à la prouesse technique, refusant certains contenus jugés dégradants. Sarah Barthe donne à ses dessins un aspect de dessin d’enfants et crée un sentiment de sympathie. Mais aussitôt que le sujet est perçu par le spectateur, un malaise s’instaure et de nombreuses questions surgissent : peut-on traiter de sujets aussi graves avec autant d’apparente légèreté ? L’art a-t-il des passe-droits en matière de tabous sociaux ?
Le Bus de l’art contemporain, Bordeaux (mars 2009)
MIDI LIBRE, article de Michel Pieyre (12 décembre 2006)
MIDI LIBRE (20 décembre 2006)
LA GAZETTE DE NÎMES #397, du 12 au 18 janvier 2007
LA GAZETTE DE NÎMES #398, du 19 au 25 janvier 2007, « En toutes lettres – réactions des lecteurs »